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Je n'ai pas trop aimé ma grossesse, mon accouchement non plus, et encore moins mon post-partum. (TEMOIGNAGE - PARTIE 2)


MON ACCOUCHEMENT...
 
Dans les films, lorsqu'une femme vient pour accoucher, elle a souvent perdu les eaux en pleine rue (idéalement pendant une scène importante du scénario), puis la seconde d'après se retrouve dans le hall de l’hôpital où on a l'impression que 3 médecins, 6 sages femmes et 4 infirmières l'y attendaient déjà.
Moi, je l'ai plutôt vécu comme ça...
-Veuillez patienter dans la salle d'attente au fond du couloir à gauche après avoir tourné à droite juste à côté de la porte bleue derrière l'ascenseur du bâtiment Z, un membre du personnel viendra vous chercher, m'a dit la sage femme alors que les contractions se faisaient de plus en plus nombreuses et douloureuses. 
Arrivée enfin au bon endroit, j'ai scruté les gens autour. Il y avait de tout. La maternité du CHU n'accueille pas seulement des femmes enceintes mais également des urgences gynécologiques. Du coup, toi t'essayes de souffler discrètement car t'as pas envie de te faire remarquer. La main du futur papa a pris très très cher ce soir-là. A chaque contraction, je lui écrasais les doigts avec une force insoupçonnée, surréaliste.
Environ 15 minutes plus tard, une autre femme en plein travail elle aussi est arrivée et s'est assise avec son mari à côté de nous. Et vous savez ce qu'elle a fait alors que j'étais moi-même en pleine put*** de contraction de sa mère ? Elle s'est mise à genoux sur le sol et cria de toutes ses forces. 
Des gouttes de sueur perlaient sur mon front. Le ventre en charpie, j'ai aussitôt murmuré à mon chéri : 
-Si cette meuf passe avant moi, je me transforme en Hulk, je détruis tout !
Mais c'est moi qu'on vint chercher en première, nananinanère.
Et lorsque la sage femme qui m'avait prise en charge m’ausculta vers 20h45, soit quasi 3 heures après que j'ai eu perdu les eaux dans mon salon, j'étais déjà ouverte à 3 et demi, presque 4. Allééééluia ! 
-Désirez-vous la péridurale ? me demanda t-elle.
-Oh ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, je le veux. 
Il a quand même fallu attendre une bonne demie heure avant que l'anesthésiste vint me la poser. Une demie heure, c'est juste 30 minutes, ce n'est d'ordinaire pas grand chose. Sauf qu'à ce moment-là, ma notion du temps, altérée par une douleur grandissante, n'avait plus aucune logique ; ça m'a paru durer une éternité. Je gérais de moins en moins bien mes contractions, j'avais juste envie de mourir. J'ai donc commencé à devenir vulgaire.
-Put*** put*** put*** put***, voilà le seul mot dont je semblais me souvenir, que je parvenais encore à prononcer. Mon cerveau était déconnecté, je ne pouvais pas subir pareille "torture" et réfléchir en tant qu'humaine dotée d'une conscience et d'intelligence. Je n'étais plus moi, je suppliais à qui voulait bien l'entendre de me trouver une solution, de m'endormir, de m'assommer. Et vite !
Vers 21h45/22h, je ne sais plus exactement, la péridurale fit effet. J'étais ouverte à 5. 
-Reposez-vous, je viendrai toutes les heures voir l'avancé du travail, m’annonça ma sage femme.
Je lui souris, un climat de confiance avait commencé à s'installer entre nous. Je l'aimais bien, elle était douce, calme et rassurante, c'était exactement ce dont j'avais besoin.  
Par contre, je ne sais vraiment pas comment on peut réussir à dormir juste avant de rencontrer son enfant ? En ce qui me concerne, j'ai eu les deux yeux grands ouverts comme des billes le restant de la nuit, pendant que mon chéri, lui, ronflait mal installé dans la chaise à côté de mon lit. Il faut dire qu'il avait sa journée de boulot dans les pattes pendant que moi, je m'étais fait une orgie de téléfilms à l'eau de rose, tranquille sur le canapé. 
Vers 5 heures du mat, le Saint-Graal, j'étais ouverte à dix centimètres.
Je pensais accoucher bientôt. J'étais tellement excitée, si impatiente de voir enfin ma petite fille, le bébé que j'imaginais, me rêvais depuis neuf mois, 40 SA + 4 jours précisément. Que nenni. Il y avait 16 accouchements apparemment cette nuit-là, ils étaient surchargés.
Résultat des courses, on m'a fait patienter trois longues heures en m'expliquant que c'était le maximum autorisé par le protocole. J'ai pas tout très bien compris et m'en fichais à vrai dire, chacun son métier. Ce que j'ai constaté par contre, c'est que passé 7 heures 30 du matin, je n'ai plus eu une seule contraction. Elles avaient complètement disparu... Pouf, évaporées. Et pour couronner le tout, la gentille sage femme qui me suivait depuis mon arrivée à la maternité est venue m'annoncer qu'elle avait fini son service et que ce serait une inconnue qui allait venir la remplacer. Je ne vous raconte pas la tête que j'ai tiré. Je sais bien que les professionnels de la santé sont aussi des êtres humains, non des supers héros, que leur jauge de fatigue n'est pas illimitée, mais moi, je me sentais abandonnée au pire moment, celui où il allait falloir bosser en équipe, où j'allais devoir entrer en action.
Heureusement, mon chéri a su trouver les mots et m'a soutenue comme il faut.
Vers 8 heures, la nouvelle sage femme est apparue dans la salle de travail. Elle était speed, bourrue et énervée. Elle s'est tout de suite plaint de ne pas avoir eu le temps de boire son café et que c'était la débandade, que toutes les futures mamans semblaient s'être donné le mot pour accoucher en même temps.
J'avais les deux jambes écartées avec les pieds dans des étriers en métal, alors j'en avais clairement rien à cirer de son taux de caféines dans le sang !
En voyant cette dame et en écoutant sa façon de s'adresser à moi, j'ai comme "ravaler" Zoé. Je me suis refermée comme une huître. Ni elle ni l'aide soignante ne sont pas parvenues à me faire reprendre confiance, sachant qu'en plus, elles constataient aussi bien que moi qu'il n'y avait plus aucune contraction. Elles avaient beau appuyer sur mon ventre pour essayer de m'indiquer le moment opportun où il fallait que je pousse, elles ne sentaient rien. J'eus donc le droit à une injection d'ocytocine. J'ai aussi eu le droit à une phrase que je n'oublierai jamais : 
-Non mais là, vous n'êtes qu'à 20% de vos capacités, ça ne va pas !
Euh... comment te dire ? De une, je pousse dans le vide car no contraction et de deux, lorsque je le fais, je me donne tellement à fond que j'ai l'impression d'avoir les nerfs du visage qui vont exploser, de frôler la rupture d’anévrisme.
Rien n'y a fait. Échec total. Vers 8 heures 20, elle a appelé quelqu'un au téléphone et lui a sorti :
-ça fait au moins 40 minutes qu'elle pousse, ça ne fonctionne pas.
Je n'ai pas osé rétorquer mais intérieurement j'étais furax. J'avais certes passé une nuit blanche, mais je savais encore lire l'heure sur l'horloge accrochée au mur d'en face. Entre la pose d'ocytocine et les trois pauvres poussées qu'elle m'avait demandées de faire, il s'était écoulé à peine 10 minutes. De plus, le petit cœur de ma fille allait très bien au monitoring, il n'y avait donc pas lieu de s'affoler.
Pourtant, j'avais beau être celle qui accouche, je n'étais clairement plus maître de la situation, on m'avait reléguée au rang de spectatrice. L'instant suivant, un tas de gens en blouse blanche ou bleue ont débarqué. J'étais "open bar". Ma pudeur pouvait aller se rhabiller !
L'obstétricien a sorti la ventouse pour m'aider. Il était sympa lui, j'en garde un bon souvenir.
8h30, Zoé était là. Quand ils me l'ont posée sur le torse, je suis instantanément passée de la colère, de la révolte et du stress au bonheur le plus intense jamais vécu, jamais ressenti.
Voilà, j'étais désormais une maman. Sa maman.
14 février 2018. J'ai appris ce jour-là que le coup de foudre existe.
Mais si c'était à refaire, j'aurais sans doute préféré le faire autrement.

Et pour vous alors, c'est passé comme une lettre à la poste ?


#Petite Zoé in-utéro.











Commentaires

  1. Ah oui, en te lisant je comprends pourquoi tu en gardes un mauvais souvenir.
    Pour ma part, j'ai raconté mon accouchement dans un post sur mon insta mais je peux te faire un résumé :
    J'ai choisis d'accoucher en maison de naissance et de manière physiologique.
    J'ai perdu les eaux vers 2h30 du matin, j'ai appelé ma sage femme (en maison de naissance, suivie et accouché par une des 3 sages femmes qui m'ont suivi et sans changement d'équipe) qui m'a donné rdv vers 3h45 a la mat. Contrairement à toi, je n'étais pas en travail, j'ai donc été hospitalisé (après une rupture, pas de retour à la maison, risque d'infection et donc 48h pour se mettre en travail spontanné).
    Bref, contractions douloureuses arrivent vers 4h/4h30 Mais inefficaces sur le col (faux travail...) Et ça a été comme ça jusqu'à 14h. La, mon col se modifi enfin, le vrai travail commence mais je reste en chambre jusqu'à 16h. La, j'appelle ma sage femme, je commence à fatiguer et à avoir du mal à gérer mes contractions. Je suis à 4, je passe en salle et j'ai le droit à mon super bain que j'ai rêvé depuis le début des contractions !
    Je perds la notion du temps et ça commence à pousser (sans péri, ça pousse tout seul en fin de travail...). Je sors du bain et je vais m'installer sur mon super lit rond de la maison arc en ciel.
    Je ne vais pas cacher que j'ai hurlé sur les premières contractions qui poussaient ! La douleur est inhumaine !!! Et puis ma sage femme m'a accompagné, et les poussées efficaces sont arrivées. J'ai bloqué le travail quand elle avait la tête à moitié sorti, une peur immense m'a envahie mais le coeur de ma puce réagissant bien, on a attendu qu'une contraction revienne (elles s'espacait vu le temps de travail, et j'ai aussi eu un peu d'ocytocine pour les relancer) et la pas le choix, ça pousse tout seul, j'ai poussé un peu aussi, j'ai crié et mon chéri et une autre sage femme (venue en renfort quand j'ai bloqué le travail au cas où...) m'ont tenu les mains car par réflexe j'ai agrippé la main de ma sage femme qui retenait la tête de mon bébé pour qu'elle sorte doucement. Elle a dégagé l'épaule et j'ai attrapé mon bébé pour finir de la sortir moi même.
    Un travail long, très très très douloureux mais nous en avions fait me choix et nos souhaits ont été respecté. Un accouchement que je trouve merveilleux et dont je n'ai aucun regret ��

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    1. J’avais lu en effet ton accouchement à l´epoque :-) et comme ta grossesse, nous avons effectivement eu deux vécus complément différents. Tu as pu mener ton projet à bien, faire ce dont tu rêvais. C’est vraiment super. Même si je n’ose imaginer les heures de douleur tu as subi. Je sais que je n’aurais pas pu, ou seulement si la péridurale n’existait pas puisque je n’aurais forcément pas eu le choix. :/ j’ai l’impression, arrête moi si je me trompe, que soit on veut accoucher naturellement et vu la douleur atroce inhumaine comme tu dis, les professionnels sont là pour soutenir, te respectent dans ta douleur et respectent alors le fait que physiquement nous ne sommes pas forcément faites pour accoucher alongees des pieds sur des etriers. :-/ soit tu fais le choix « facile » non naturel de ma péridurale, auquel cas, j’ai eu comme cette sensation d’être passée à la chaîne à la va vite... hop hop hop, bébé sorti, next, suivannnte. Mon rêve serait d’accoucher chez moi avec péridurale. Haha !

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  2. Je pense que ça dépend des endroits et des ressentis de chacune. Ça dépend aussi des professionnels présent à ce moment là, il y en a qui malheureusement ne veulent pas se prendre la tête car, on ne va pas se mentir, la position sur le dos les pieds dans les étriés c'est plus simple pour eux...
    Du fait que la maison arc en ciel n'existe plus, je ne me vois absolument pas accoucher en salle d'accouchement classique pour tout ça... si 2eme il devait y avoir... Et je pense à l'accouchement à domicile ��

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    1. L'accouchement à domicile doit être chouette si bébé va bien, si tout se déroule comme il faut et si la maman est de base mentalement puis physiquement capable de gérer sa douleur. :-) Et je suis d'accord, tout dépend de l'endroit, du personnel et du ressenti de chaque future maman. Si un jour, je décide d'avoir un autre bébé, (bof bof pour l'instant), j'accoucherai ailleurs qu'au CHU, ça c'est sûr. Belle journée à toi Nelly :-)

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